Texte fondateur du groupe orchestral Le Paradoxe
Le public se presse pour entendre Monteverdi, Bach, Mozart, Wagner ou Ravel, mais boude nos soirées musicales lorsqu’il s’agit de musique contemporaine. Voilà bien un premier paradoxe : ne devrait-il pas être plus facile d’écouter les musiques de notre temps que celles des temps anciens ? Que nous nommions encore « musique contemporaine » des œuvres composées au XXe siècle par des créateurs parfois décédés depuis plusieurs dizaines d’années forme un autre paradoxe : que s’est-il passé pour que nous, femmes et hommes du XXIe siècle, n’ayons pas encore intégré toutes les conséquences de la révolution initiée par Schoenberg il y a plus d’un siècle ?
Telle est l’ambition de ce groupe orchestral, que de s’employer à résoudre ces paradoxes. Dans des configurations variables répondant à toutes les formes orchestrales expérimentées depuis un siècle, il revisitera le format canonique du concert – qu’il envisagera comme des moments thématiques, de 60 à 70 minutes. Avec 40 minutes de musique, on y prendra le temps de l’explication, du débat avec le public, de l’intervention d’artistes invités, de la place de l’ingénieur du son, de la cheffe d’orchestre ou des musiciens.>
Ainsi, dès sa création le 7 novembre 2021 à la Philharmonie de Paris, le Groupe Orchestral Le Paradoxe a proposé un concert titré « Amérique », juxtaposant des œuvres de Steve Reich, Charles Ives et Edgard Varèse. Ainsi dans la salle silencieuse, la cheffe Mélanie Levy-Thiébaut demande au public de sortir feuille crayon et gomme et de noter la consigne de l’Intégrale mathématique qui inspira Varèse pour son œuvre. Elle en fit ensuite une transposition musicale, ainsi tout public était en mesure de comprendre parfaitement l’œuvre de Varèse.

Puis en Janvier 2022, dans le cadre de la Semaine du Son, Le Paradoxe se retrouve au Théâtre national du Châtelet pour « les coulisses du son ». Les musiciens de dos, de face, espacés, resserrés, contre un miroir, en haut d’un escalier, interprétaient le Bal Masqué de Francis Poulenc avec un sonomètre affichant les variations d’ondes et de décibels, pour une explication physique, acoustique et musicale de l’œuvre et son impact émotionnel sur le public.En février 2022, le livre de Mélanie Levy-Thiébaut « Une histoire vivante de la musique » sort chez Flammarion. Un joli succès qui lui permettra dès sa sortie d’organiser des concert dans lesquelles la cheffe raconte avec ses musiciens l’histoire de la musique, émaillée de mille anecdotes, du Psaume à Arnold Schonberg.
Arnold Schoenberg : Voilà bien la pierre angulaire du groupe Orchestral Le Paradoxe Une passion qui anime Mélanie Levy-Thiébaut depuis son jeune âge. Fille de la compositrice Graciane Finzi, elle entend les œuvres de Xenakis, de Boulez et de Stockhausen avant de découvrir Mozart et Schubert.
De la révolution Schoenbergienne, qui abolit la tonalité pour aller vers l’atonalité, plus personne ne s’y retrouve. Do majeur , Mi mineur et toutes ces couleurs qui nous faisaient vibrer, n’existent plus ; la musique dissonante de cette nouveau concept qu’est le dodécaphonisme perturbe autant qu’il dérange.
Dépourvu du mode d’emploi de ce nouveau langage, les règles vont donc rester abstraites, abscondes et surtout décourageantes pour le public. A mon sens, l’École de Vienne mais aussi son passé est le maillon manquant pour toutes les nouvelles tentatives de l’art. Nous ne ferons pas l’économie d’écouter les canons du Moyen-Âge pour comprendre Arnold Schoenberg ; et nous ne comprendrons pas non plus la musique répétitive, la musique spectrale, la musique électroacoustique.
Alors, il faut reprendre le fil à partir de Ainsi parla Zarathoustra de Richard Strauss et comprendre ce qui s’est passé.
Et c’est bien tel Zarathoustra qui, de sa caverne à son public, que je souhaite transmettre avec mes musiciens : communiquer, expliquer, démontrer. L’école de Vienne avec Schoenberg, Berg Webern, puis les minimalistes américain, Teddy Riley, Steve Reich, Phil Glass, les monstres sacrés cités plus haut et bien d’autres encore. Et alors, main dans la main le Groupe Orchestral Le Paradoxe retisse les fils de cette histoire bancale par faute de communication.
Pour ce faire, nous utilisons toutes le formes de l’art : le concert-débat, le ciné-concert, le théâtre musical, les conférences en musique, les concerts participatifs, les séances jeunes publics et les concerts famille.
Aucun siècle ne doit échapper à la connaissance de tous, le fil d’Ariane est la musique.
Les musiciens, qui sont-ils ?
Si « Le Paradoxe » a vocation à réunir des jeunes musiciens diplômés issus des établissements d’enseignement supérieur français et européens (CNSMD de Paris et de Lyon, HEM suisses, Hochschule allemandes, etc.), les titulaires d’un DNSPM du Pôle Sup’93 sont appelés à y occuper une place centrale. Une convention passée entre « Le Paradoxe » et le Pôle Sup’93 a été mise en place pour un lien particulier avec les étudiants sortants.
Les diplômés du Pôle Sup’93 trouveront dans « Le Paradoxe » un espace où ils seront à la fois considérés :
- Comme des artistes professionnels, bénéficiant d’engagements décemment rémunérés ;
- Comme des artistes en cours de professionnalisation, pouvant, dans ce cadre, non seulement perfectionner leur approche des répertoires modernes et contemporains, mais surtout, construire et développer leur réseau.
Ainsi, le Groupe Orchestral Le Paradoxe permet la rencontre de musiciens issus d’établissements supérieurs variés favorisant le partage d’expériences, de connaissances et de références ainsi que leur ancrage dans le monde professionnel actuel et à venir de la musique.
Une direction artistique audacieuse : Mélanie Levy-Thiébaut.
Le Groupe Orchestral Le Paradoxe présente une structuration solide et déjà établie, autour de la cheffe d’orchestre Mélanie Levy-Thiébaut, d’une administration fidèle et d’un bureau créé spécialement pour le Paradoxe.
Ancienne élève du CNSMDP (où elle a obtenu 3 premiers prix) et du Conservatoire Supérieur du Liceo de Barcelone, Mélanie Levy-Thiébaut a remporté le 1er Prix de Direction d’orchestre au Concours International du Ministère de la Culture espagnol à Madrid, avec l’orchestre de l’Opéra de Madrid. Directrice artistique et musicale, de l’Orchestre Manifesto (2005-2020), directrice musicale de l’Ensemble Instrumental de la Mayenne (2014-2020) et Chevalier de l’Ordre national du Mérite, celle qui fut conseillère artistique du Cadre Noir de Saumur (et dirigea leurs spectacles en France et à l’étranger) travaille souvent dans des contextes pluridisciplinaires – ciné-concerts, projets musique et danse, etc. Aujourd’hui, sans oublier le grand répertoire qu’elle dirige lors de ses concerts en tant que cheffe invitée en France et à l’Étranger, elle se consacre à la musique du XXème et XXIème siècle.
Mélanie Levy-Thiébaut